( hypnodancer )
et quoi qu'elle exige, je dispose. de ses regards, je devine déjà tout. et si certains seraient agacés d'être ainsi malmené par cette boule d'énergie, je suis en réalité des plus ravis.
oui, j'ai du stopper mon devoir d'astronomie, mais rien ne m'empêchera d'y retourner après. l'astronomie n'a pas de secret pour moi, et il est facile d'y tomber dedans.
si ça avait été de la potion, je doute que j'y trouverai réconfort d'y retourner. ce qui n'est pas le cas, alors autant profiter de sa petite sœur qui semble dessiner dans son esprit de nombreuses aventures hivernales.
nous en faisions des milliers et je couchais dans un journal intime toutes nos frasques. si un jour, je sortais un livre sur nos souvenirs, il prendrait plus de cent milles pages... et serait même interminable.
la vie nous a rendu complices mais surtout indissociables, et pour rien au monde je n'échangerai cette chance contre une autre.
les affaires de famille sont souvent compliquées, mais nous, on a su rester soudés quoi qu'il arrive.
pour elle, je serais prêt à me montrer de mauvaise foi... d'être en colère. d'être quelqu'un qu'on ne connait pas.
pour elle, je serais prêt à déplacer le monde, à changer la couleur du ciel ou ne jamais montrer combien je peux être triste simplement pour continuer de lire l'innocence dans son regard.
si avec la plus petite, il est compliqué de communiquer... avec elle, il suffit d'un rien. un simple regard... un simple mot. l'essence même de mon âme vient de la sienne. si nous avons une année de différence, rien entre elle et moi n'est différent.
à part la complémentarité de nos deux caractères, de notre aise en société. je ne doute pas qu'elle sera une merveilleuse pâtissière au même titre que notre grand-mère.
tout est écrit, depuis toujours, les centaures vous le diront. qu'en lisant les étoiles, il est possible d'y lire le passé, le présent et l'avenir. ce n'est pas pour rien que l'astronomie est lié à la divination avec l'horoscope. nos vies sont les même que deux étoiles identiques qui brillent différemment mais intensément, qui ne peuvent exister l'une sans l'autre... et le jour où l'une s'éteindra, l'autre périra.
c'est indéniable.
outre notre accord si parfait, même lorsque nous ne sommes pas d'accord, nous finissons toujours par l'être.
ou plutôt j'abdique très vite. pourquoi lui refuserais-je le droit de s'amuser ?
et elle le sait, malicieuse qu'elle est.
à peine les armes tombées, qu'elle s'empresse de prendre ma main et de me tirer en dehors de la salle commune. attrapant ma cape au passage in extremis, je me retrouve à longer les murs du sous-sol avant de monter à la surface lisse du château où les grandes portes ouvrent sur une décors presque féérique. la neige s'est arrêtée de tomber et git sur le sol comme un tapis blanc immaculé.
et une fois dans le parc, elle me lâche enfin pour sauter dans le froid environnant, s'étalant de tout son long sur la neige, dessinant ce qu'elle est depuis toujours :
un ange.
je n'ai pas cette folie là, préférant de loin la regarder s'amuser. observant le ciel devenu presque bleu à certains endroits où les derniers nuages persistent, le soleil révèlent des milliers de diamants qui courent sur la neige. magnifique tableau d'hiver.
pourquoi sortir tous les deux dehors ? pourquoi n'était-elle pas aller seule ou avec des amis ? parce qu'il y a des souvenirs qu'on ne partage pas avec les autres.
c'est cette facette de notre relation qui rend les choses complexes et qui dénote avec la vision du monde sur un lien fraternel qu'ils ne connaissent, habituellement, que conflictuel.
pas nous, le fusionnel n'existe que dans les livres pour enfants dit-on. mais notre vie a décidé que ce ne serait pas le cas pour nous deux. avec la dernière cependant, c'est une autre affaire. mais nous n'avons pas encore trouvé ... ce lien qui nous unit. trop différents quand avec lola nous sommes trop similaires.
et les pensées se recentrent sur le présent, loin des regrets quand la boule de neige vient taper l'épaule me faisant reculer légèrement d'un pas. «
hey ! » levant un doigt accusateur vers elle, les sourcils faussement froncés et le sourire dessiner sur les lèvres. «
c'est de la triche, puddifoot ! » mais la voilà déjà qui file derrière son arbre, les fesses dépassant légèrement, laissant entrevoir qu'elle prépare déjà la seconde attaque. alors je m'empresse à mon tour de me cacher derrière une grosse roche et de préparer mes propres munitions.
de moi-même, je n'aurais jamais engagé de bataille... trop en paix, trop doux. mais elle avait le don de me sortir de la zone de confort.
et le silence persiste.
levant la tête au dessus du rocher pour observer la nouvelle demeure de la jaune et noire, je plisse doucement les yeux quand je ne la vois pas. zut, un coup d'avance... elle est devenue maître en silence.
l'observation, regarder à droite puis à gauche. rien... si ce n'est ce blanc pur qui persiste à faire plisser les yeux par son éclat.
à pas de loup, je me dirige jusqu'à sa forteresse de fortune et elle se tient là, droite comme un piquet. «
à l'attaque ! »
finalement, j'ai rattrapé mon coup, et je lance la boule de neige en sautant visant le ventre avant de me laisser tomber sur le flanc dans la neige. me relevant avec rapidité pour filer droit vers ma propre cachette, mais c'était sans compter les nombreuses fois où je trébuche.
en proie à sa vengeance ultime... tant pis si on tombe malade. il n'y a pas plus belle mélodie, que le rire de ma jumelle.