moral of the story -- (abelard)

A peine la voix de Nathan lui parvient, qu'un sourire taquin étire brièvement ses lippes. Mains enfoncées dans les poches de son manteau, le jeune homme se retourne et attend l'arrivée de Madej à ses côtés. Adoptant une moue de circonstance, il hausse les épaules lorsque son ami l'interroge sur sa destination. « Wherever you're going. » C'est alors qu'Abelard remarque le comportement étrange de son ami. A observer ses chaussures, puis lui. A se tortiller. Pommettes qui rougissent – ou peut-être n'est-ce que l'impact de la morsure du froid sur sa peau.

Puis, la bouche d'Abe se tord en un sourire, qu'il réprime aussitôt. Ouvrant ses lippes en un rond parfait, comédien qui se prépare à entrer en scène, Abelard écarquille les yeux. Sa moue exprime le choc. « Nathan, if I had seen your glove, I would have given it back to you. » Puis la déception fainte. « I am sad, so sad, to see that you don't seem to trust me. Me, Nathan, your very best friend. » Sa voix semble vibrer d'émotions – mais il ne s'agit là que des éclats de rire qui secouent sa gorge. Victimisation pour se dédouaner de la moindre incartade. Quelques jours plus tôt, Abelard s'était dit que subtiliser le gant de Nathan serait une bonne farce. Bout de tissu bien au chaud sous son lit, il en a bien ri – puis l'a oublié. Evidemment. Il a mal au cœur, Abe, de se dire que Nathan a l'une de ses paluches froide. Cependant, le môme s'en amuse également et la tendresse de son cœur se transforme en véritable source à plaisanteries incessantes. Il se demande comment Nathan fait pour le supporter. Il n'en a cure, mais lui en est reconnaissant. Alors, Abelard va également faire quelque chose pour lui. « We can hold hands, if you want. Make it nice and warm. » Ses paupières se plissent lorsqu'il tend sa paume en avant, agitant ses doigts en une danse constante. Il pense, Abe, que Nathan en pince pour lui. A vrai dire, non, il ne le pense pas ; il en est persuadé. Ca flatte l'ego, même si ça ne mène à rien.

Enfin sa bonté parle d'elle-même, saint parmi les saints. « It's alright. I can go and ask around – but ya stay with me. I'm not your house-elf. » Abelard fait volte-face, continue à marcher et désigne un groupe de filles qui s'apprêtent à croiser leur chemin. Âgées d'environ quinze ans, à vue d'nez, et pas farouches – mais elles portent le blason de Poufsouffle sur le poitral, alors ça lui donne une idée. « Maybe you can go and ask them ? Your glove is very hm, lady-like. They could have been easily confused. » Qu'il lui dit, vaguement réprobateur, comme si les gants pouvaient avoir des attributions genrées. A croire cependant que Nathan pourrait le croire, et en porter la culpabilité. « Everyone is our enemy. » Insiste-t-il. Bunch of thieves, voudrait-il hurler, genoux qui heurtent le sol et poings dressés vers le ciel – mais, si l'idée est drôle, il se maintient immobile et enfonce son coude dans les côtes de son vis-à-vis. Come on, mate.

Le rouge peint les joues de Nathan. Prunelles d'Abelard qui scintillent d'un éclat taquin, lèvres qui s'étirent en une moue attristée avant de se froisser d'un sourire presque carnassier. L'humeur est joviale – surtout lorsqu'il se joue de son comparse avec pareille dextérité. Il pourrait lui dire où est son fichu gant, il pourrait lui épargner quelques heures de recherche. Il n'y a cependant aucune once de culpabilité qui pourrait le faire dévier de ses petites plaisanteries. Peut-être qu'il y a un élan d'attendrissement lorsque Nathan s'excuse – peut-être que le sourire flanche un peu, et que l'oeil devient plus afffectueux. « That's quite alright, don't beat yourself up. » Qu'il lui rétorque en lui enfonçant son coude dans les côtes. Le moment vient de passer.

Abe arque un sourcil, alors que Nathan se renfrogne à l'idée de tenir la main. Pour un peu, il en serait triste – le bougre n'est-il donc plus amoureux de lui ? S'est-il fait des idées à ce sujet ? Evidemment que non, quel idiot. Longbottom considère ça comme de la pudeur, mal placée selon lui. Agitant toujours les doigts dans les airs, il abandonne la bataille avant même de s'y être engagé. Il enfonce ses mains nues dans ses poches, et hausse les épaules en un geste las. « Oh well, as you wish, but you don't know what you're missing. » Il claque ses lèvres l'une contre l'autre, et fronce brièvement les sourcils. Malgré tout ce cirque, il cherche à comprendre. « What's the big deal with your glove anyway ? I can give you one of mine, if you want. It doesn't really matter if the colors don't match perfectly now, does it ? » Enfin – Nathan est ce qu'il est, et sans ses étranges réactions, Nathan ne serait plus tout-à-fait Nathan. Abelard prend tout, the entire package.

Il roule des yeux cependant, Longbottom, lorsque Nathan s'insurge – à sa manière. Il ne comprend pas vraiment où il veut en venir ; il sait où est le gant de son ami, sait qu'il le lui donnera plus tard (si cela ne lui sort pas de la tête entre temps), mais ne parvient pas à appréhender les contours de cette requête qui lui semble curieusement désespérée. « It's just a bloody glove, Nathan. » Le ton change, mais Abelard n'insiste pas – il commence à marcher vers le château, ignorant le groupe de filles vers lequel il aurait bien voulu envoyer son ami. « C'mon. Might be somewhere in the dorm. » Qu'il l'interpelle, prêt à lui lâcher la vérité – mais décide de s'attarder un peu, conserve le silence suffisamment longtemps pour ravaler ses révélations. Histoire de savoir le pourquoi du comment, histoire d'en savoir toujours davantage sur Nathan. « Maybe you can get married with your glove once you find it. I will be your best man, and your glove-child's godfather. » Suggère Abelard d'une voix légère, plissant les sourcils et glissant un regard en coin à son ami.

Il y a de l'hésitation dans le geste. Mais Abelard claque sa main dans le dos de Nathan, signe de paix qu'il lui offre tandis qu'il aurait été plus simple d'ignorer l'aigreur visible de ce dernier. « We'll find it. I'll help you. No more jerking around. » Les sourcils se haussent, et le sourire se fait plus détendu. « What's up anyway ? Have you been looking for that damn thing all day ? » S'enquiert Abelard en étouffant un rire essoufflé; oh god, il faut vraiment qu'il lui rende ce foutu gant.