Ismene Bronte points : 1613
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|  Mer 3 Juin - 16:22 | | | Tu ne savais pas trop si tu avais le droit d'être là. Après tout, tu n'étais pas vraiment une enseignante, juste un membre du personnel - mais on t'avait assuré que y'avait pas de problème si tu voulais venir t'installer là de temps en temps. Tu appréciais la quiétude de l'endroit, où tu pouvais juste t'assoir et lire un peu, peut-être même griffonner quelques mots. Tu aurais bien voulu aller à l'extérieur, mais la quantité de neige qui était tombée pendant la nuit t'avait découragée - t'avais l'impression que ça serait un peu trop du sport d'essayer de te rendre à un endroit confortable. Tu avais donc opté pour la salle des professeurs, qui était assez tranquille en cette journée de weekend - beaucoup étaient dans leurs bureaux respectifs ou même à Pré-Au-Lard. Tu profitais donc un peu de ce canapé extrêmement confortable pour lire ton bouquin - un livre sur l'histoire du Quidditch qui t'avais intrigué. Tu n'étais pas particulièrement avide du sport, mais tu étais tout de même curieuse. Tu étais concentrée dans ta lecture, ne pensant pas trop au reste autour de toi, débattant si tu allais braver la température pour rendre visite à ton frère - ou peut-être faire un détour aux Trois Balais pour voir Ransom. La simple pensée te donne le rouge aux joues. Peut-être demain.
Tu lèves les yeux quand tu entends la porte s'ouvrir - il n'y avait que le prof d'arithmancie avec toi auparavant. Ton regard est timide, car tu ne veux pas attirer l'attention - la plupart des profs de Poudlard continuaient de d'intimider, et tu ne voulais surtout pas créer de conversations trop malaisantes. Tu reconnais le prof de Vol - exactement le genre que tu évitais, non pas parce qu'il semblait pas sympathique, mais surtout parce que tu ne saurais pas quoi lui dire. Sauf que c'est trop tard, vos regards se croisent, et tu rougis profondément en réalisant que t'avais été repérée. Le livre que tu serres entre tes doigts, et un sourire gêné sur tes lèvres. Tu baisses ensuite les yeux vers les lignes imprimées sur les pages, espérant qu'il n'allait que passer son chemin et ne pas venir te parler.
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Invité | | Ven 5 Juin - 14:32 | | |   La porte s'ouvre, Robards entre.
Comment en est-il arrivée là ? Lui, élève indiscipliné, loin, très loin, de l'élève modèle, de l'élève sage et appliqué. Par quelle manipulation odieuse se retrouve-t-il à pousser la porte d'une salle mille fois honnis quand il était gosse ? Cette manipulation, elle s'appelait la vie. N'empêche, on se serait bien fichu de lui gamin si ses amis avaient su qu'ils deviendraient prof, parangon d'autorité, censé représenter la responsabilité, l'ordre, l'éthique. Etre un modèle. Voilà de quoi il se serait volontiers passé car il n'en était assurément pas un. Son ex-femme le lui avait fait clairement comprendre. Et quand il voyait ses filles, en particulier Emily, il était fier. Fier que ses filles sachent se battre, lutter, sachent se débrouiller. Il n'était pas un modèle mais elles avaient incontestablement hérité de ce qu'il y avait de mieux chez lui. L'humour, la répartie, la hargne, la détermination, l'assurance, inconscience même dans une certaine mesure. Sans parler de son indiscutable charme.
Alors voilà, il poussait cette porte. Et il était prof. Il n'était toujours pas à l'aise avec cette salle après cinq années à enseigner. La salle des professeurs. Ce mot dénotait d'une telle rigueur, d'un tel sérieux. Cela ne lui ressemblait aucunement. Pr. Robards. Il devait avouer qu'il trouvait aussi étrange que savoureux de se faire appeler ainsi, même s'il ne se comportait pas comme un professeur ordinaire. Il l'était l'arbitre, Robards, coach, le fou, le vieux. Le prof qui n'en est pas un, le pote qui n'en est pas un, celui qui écoute mais décide seul, celui qui motive et engueule à la fois, celui qui ne s'embarrasse pas de tact mais qui ne tolère pas la méchanceté. Celui qu'on ne peut qu'aimer. Ou haïr. L'entre-deux semble avoir échapper au commun des mortels sans doute.
Son regard balaye la pièce. Vide. L'ambiance sent le vide, elle a la lourdeur d'une pièce, où règne une sorte de fond sonore, le genre tranquille, apaisant, ou, au contraire, ennuyant, épuisant, qui vous accroche l'ancre de la solitude aux chevilles ici, maintenant, et pour toujours. Puis il y a une irrégularité. Et un regard. Presque vide, il n'a pas été assez attentif. Et pas n'importe qui. Robards n'est pas du genre à se souvenir des gens qui ne l'intéressent pas et Ismene ne l'intéresse certainement pas. Assistante à la bibliothèque, elle est réservée, muette, renfermée sur elle-même. Nul doute qu'elle ne l'intéresse pas, d'ailleurs, ne devrait-il même pas se souvenir de son prénom ? La fille est jolie, mais elle lui fait l'effet d'un oisillon prit dans une toile. Ce qui le contrarie, c'est que les rares fois où ils se sont croisés, il a eu l'impression qu'il en était à l'origine, ou l'accentuait dans le meilleur des cas. Il n'aime pas ça. Impressionner les gosses, c'est plaisant, leur foutre la frousse, c'est marrant, se faire respecter, c'est agréable, et punir les sales gosses, c'est jouissif. En revanche, il n'y avait rien de plaisant, agréable, marrant ou jouissif de voir une sorcière réduite au silence, à l'inexistence, juste parce qu'elle croisait son regard. C'était même vexant.
Robards referme la porte derrière lui avant de se diriger vers la très longue table professorale où il posa sa cape d'hiver -froid oblige. Ses mains se referment sur le dossier de la chaise, froissant la cape. Il ne sait même pas ce qu'il fait là. Une question à propos d'Emily. Il a cédé. Encore. Rien ni personne ne pourrait résister à sa fille. Une lueur de fierté éclaire son regard à cette pensée, alors que ses lèvres tressaillent brièvement dans une ébauche de sourire amusé. Mais il n'y a pas Emily ici. Il y a Ismène Bronte. Délicate demoiselle qui semble être aussi timide face à lui qu'une foule de première année à qui il promet de les assommer un à un avec un cognard qu'ils ne baissent pas d'un ton. Sans l'horreur dans le regard. Ses lèvres forment une moue contrariée, puis pensive, et sa main se retrouve en solitaire sur le dossier, l'autre se fourrant dans sa poche alors qu'il se tourne vers l'assistante bibliothécaire à qui il adresse la demande suivante d'un ton tranquille : "Ca vous dit de coucher ensemble ?" La meilleure arme pour briser la glace, ce n'était pas l'humour, la gentillesse, le tact, c'était la brutalité.
par non uccidere. |
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