L'ambition de l'avenir ~ Lucie Rosier

Le passé partage avec l'avenir les eaux nébuleuses de l'inconnu.
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@lucie rosier

12 Avril 1984

Le printemps était revenu à Poudlard, éclairant d'une douce lumière les couloirs glaciales du château, faisant frissonner de plaisir les élèves qui profitait de sa chaleur. Mais aucun rayon ne parvenait jusque dans la salle commune de Serpentard qui baignait dans une lueur verdâtre dégagée par le lac qui caressaient les vitres. Pour autant, la salle s'était éclaircie en journée, nécessitant moins de fontes de bougies, ces dernières flottantes surtout loin des fenêtres. En particulier près de la porte d'entrée, près de laquelle se trouvait le panneau d'affichage de la salle commune, informant les élèves de la vie au château et au sein de la maison. Éclairé à la bougie, le bois de celui-ci s'était paré d'une nouvelle annonce en ce début de printemps. Un bout de parchemin griffonné de la main de leur directrice de maison avec une liste de noms, de dates et d'horaires juste en-dessous.

12 Avril, 15h30. Il ne s'agissait que du 13ème entretien sur la trentaine qu'elle avait prévu, mais il n'était pas le moins intéressant, bien au contraire. Lucie Rosier était une demoiselle prometteuse. Parmi tous les élèves qu'elle avait poussés à bout, elle était une des rares à s'être battu pour faire ses preuves, à ne pas avoir lâché l'affaire et pourtant, Louise avait vu l'état de frustration dans lequel elle l'avait mise plusieurs fois. Ambitieuse, déterminée et exigeante envers elle-même, elle était promise à une carrière des plus intéressantes si elle continuait de s'en donner les moyens et choisissait la bonne voie. Il ne restait à Louise à découvrir quelle voie elle avait choisit d'entreprendre. Elle était bien curieuse de connaitre ses motivations après avoir éprouvé ses capacités.

Buvant une gorgée de thé au jasmin, Louise leva les yeux des notes qu'elle avait prise et complété à propos de l'élève précédent quand elle entendit trois coups frapper à la porte de son bureau. Dégageant ses notes du bureau pour les mettre dans un dossier portant la mention de "Orientation" à sa droite, Louise éleva la voix :

~ Je vous en prie, Miss Rosier, prenez la peine d'entrer.

l'ambition de l'avenir
@LOUISE DIO

Les joues de Lucie se colorent quand elle pense à la journée qui arrive. Ses mains tressent deux nattes d’un geste rapide mais nerveux, puis remettent sa cravate bien en place. Ses petits pas sont tremblants quand elle ajuste ses chaussettes et qu’elle accroche sa pince préférée signalant son statut de préfète. Sa veste sur son avant-bras, elle s’avance dans les couloirs de Poudlard muni d’un livre de potion pour réviser dans l’attente. Elle entend encore les mots de ses parents, l’incitant à devenir une grande potionniste, égalant le succès de sa mère alchimiste. Pourtant, elle entend la voix de Malia qui lui dit de suivre son cœur de serpent et d’aller là où bon lui semble. Cela la mène à attendre dans le couloir devant la salle de classe d’histoire de la magie. Elle contrôle le calme de ses jambes en observant les autres élèves s’impatienter ; un mal-être dérangeant qu’elle tente de repousser, de ne pas ressentir.
Le candidat sort enfin de la salle pour laisser place à Lucie. « Je vous en prie, Miss Rosier, prenez la peine d'entrer. » Ses petites mains serrent les livres tandis que l’une se décide à toquer trois fois. Elle s’empresse d’entrer en saluant son professeur. « Bonjour professeur Dio. » Matrone familiale, matrone des serpentard, il faut dire que cette sorcière impressionne la tendre enfant. Avec grâce, elle installe sa veste sur le dos de la chaise et pose son livre sur une des tables vides. Elle s’installe rapidement, remettant une mèche de cheveux derrière son oreille, sauvage mèche qui a osé sortir de ses petites tresses. « J’espère que votre journée n’a pas été longue. » Formule de politesse qu’elle ose se permettre. Il faut avouer que l’enseignante a su terroriser l’enfant, la poussant jusqu’à la remise en question interne de ses plus gros raisonnements. Un gros travail effectué depuis des années qui a fait de Lucie l’élève la plus féroce sur le plan scolaire.

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Lucie ~ Bonjour professeur Dio
Professeure Dio ~ Bonjour Miss.

Nervosité, politesse, grâce, maintien. Louise étudiait la jeune fille avec attention. Nulle intention de la mettre mal à l'aise, mais elle préférait voir dans quel état d'esprit elle se trouvait avant d'entamer la conversation. Et on ne pouvait pas dire qu'elle était déçue. Etait-ce l'enjeu de l'entretien ou sa personnage qui provoquait cette nervosité qu'elle percevait dans son attitude ? Comme une sorte d'hésitation, d'incertitude, d'indécision. Les choses promettaient de ne pas être simples.

Lucie ~ J’espère que votre journée n’a pas été longue.
Professeure Dio ~ Pas davantage que la vôtre, je suppose.

Encore une seconde de silence pendant laquelle l'enseignante jaugea sa jeune interlocutrice. Avec d'excellentes notes en histoire, potions et arithmancie, de nombreuses voies s'offraient avec elles, mais aucune ne se concentraient uniquement sur ses matières, elles se complétaient obligatoirement avec des matières complémentaires. A moins de vouloir étudier l'histoire des potions ou de l'arithmancie, ou l'implication des chiffres dans le domaine des potions... Rien de très glorieux au vu des compétences de la demoiselle qui lui faisait face, et surtout de sa force mentale, même si elle était peu visible à l'instant. Cessant d'être soudainement si immobile, la Dio engagea la conversation :

Professeure Dio ~ Bien. Miss Rosier, cet entretien a pour objectif de vous permettre d'exposer vos idées de carrière en toute confiance. Nous étudierons ensuite ensemble les différentes options qui s'offrent réellement à vous et sur quelles matières vous devez vous concentrer en priorité pour vos BUSEs, et surtout, celles que vous devrez étudier durant les deux dernières années de votre scolarité.

Sortant sa baguette, l'enseignante l'agita en direction d'une petite commode où se trouvait une théière fumante, l'incitant à venir remplir de nouveau sa propre tasse, alors qu'elle sortait un parchemin d'un dossier traitant du suivi scolaire de ses élèves, révélant quelques notes de la demoiselle à travers sa scolarité. Avec un soupçon d'amabilité qui tranchait bizarrement avec son ton professionnel, elle ajouta :

Professeure Dio ~ Une tasse de thé au jasmin saurait-elle vous être agréable pendant que vous me confiez vos aspirations professionnelles ?

par non uccidere.

l'ambition de l'avenir
@LOUISE DIO

« Pas davantage que la vôtre, je suppose. » Le regard de son professeur lui glaça le sang. Elle se souvenait des mots de sa mère, du calme que lui imposait son rôle. Calme, élégance, tu es un cygne mon enfant. Plus raide qu’un balai, plus étrangère que jamais au sentiment de calme, elle était terrassée par une envie d’aller aux toilettes. La nervosité d’un esprit bien trop rodé, inadéquat avec ses pensées reptiliennes et son impression de domination des autres. « Bien. Miss Rosier, cet entretien a pour objectif de vous permettre d'exposer vos idées de carrière en toute confiance. Nous étudierons ensuite ensemble les différentes options qui s'offrent réellement à vous et sur quelles matières vous devez vous concentrer en priorité pour vos BUSEs, et surtout, celles que vous devrez étudier durant les deux dernières années de votre scolarité. » Lucie hocha longuement la tête, écoutant tous les dires de sa directrice de maison. Une carrière, des matières, les BUSEs. Déjà tant de mots qui se bousculent à son esprit, trop d’envie de réussir. La peur de l’échec, le besoin du perfectionnement. Elle a déjà renoncé au tutorat pour devenir préfète ; là voilà prête à affronter ses examens et son projet d’avenir. Des regrets, des perturbations, la jeune-fille est exaltée par les deux matières qui s’offrent à elle. Observant son professeur se servir du thé, elle fut surprise de la question. « Une tasse de thé au jasmin saurait-elle vous être agréable pendant que vous me confiez vos aspirations professionnelles ? » Prise au dépourvue par les mouvements de gentillesse de cette directrice, elle ne put s’empêcher d’acquiescer, reprenant ses esprits et ses airs de confiance. « J’en serais ravie professeur. » Elle sentit ses épaules qui devinrent bien moins lourdes, et son cou se tendre à l’image d’une girafe. Ses grands airs de princesse reprirent le dessus, comme une danse des apparences. « Que souhaitez-vous aborder en premier professeur ? » D’un geste calme et élégant, elle s’empresse d’attraper la tasse à l’image d’une duchesse, avant d’avaler délicatement un peu de thé chaud. Sa gorge la brûla aussitôt, et Merlin sait qu’elle détestait cette sensation. Pourtant, elle tentait de reprendre ses esprits et son assurance devant cette directrice terrifiante de maison.

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( Le passé partage avec l'avenir les eaux nébuleuses de l'inconnu. / @lucie rosier )
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Etait-ce un semblant de pâleur qui avait traversé la jeune fille ? Pendant une seconde, la Rosier semblait s'être décomposé sous ses yeux. Etait-elle plus sensible qu'elle ne l'avait imaginé ? Elle n'avait pourtant fait preuve d'aucune impolitesse, préférant simplement expédié les formes de politesse d'usage. Néanmoins, le visage de la jeune serpentard semblait désormais impassible, comme imperméable à toutes formes d'émotion, que la Dio prit pour du sérieux et de la concentration. Mais son hochement de tête silencieux suite à sa petite introduction lui semblait bizarre, comme fait mécaniquement sans pour autant avoir tout assimiler. La tasse de thé serait le bienvenu, il allait manifestement falloir de la patience, et à la jeune fille, davantage de contenance. Surtout au vu de la question qu'elle venait de lui poser. "Aspirations professionnelles", n'était-ce pas assez clair ? Ou la Rosier avait juste retenu la proposition de thé ?

Alors que la théière servait du thé dans une deuxième tasse, qui alla s'envoler avec une petite soucoupe et une petite cuillère à ses côtés jusque devant Miss Rosier, la directrice de Serpentard porta sa tasse à ses lèvres, offrant à son interlocutrice le temps de rassembler ses idées, qui faisait exactement de même. Le breuvage chaud et parfumé caressa sa langue avant de réchauffer sa gorge, une sensation et une odeur dont Louise ne se lassait pas...

Louise ~ Je vous proposais vos aspirations professionnelles, Miss, mais si cela ne vous convient pas ou que vous avez des questions, je suis toute ouïe.

par non uccidere.

l'ambition de l'avenir
@LOUISE DIO

Elle sent la théine caresser le fond de son palet, brûlant sa peau. Ses mains élégantes, bien que timidement tremblantes, cherchent appui sur la belle tasse du professeur. « Je vous proposais vos aspirations professionnelles, Miss, mais si cela ne vous convient pas ou que vous avez des questions, je suis toute ouïe. » La gamine assure mécaniquement un regard certain, comme si des questions n’étaient qu’un ralentissement à son ambition. « Non, cela me convient parfaitement. » Ses mains caressent la couverture de l’ouvrage, un regard légèrement pensif, lui rappelant les ambitions de ses parents et le destin qu’elle doit choisir. « Je descends d’une famille très liée aux potions et à l’invention. Ma mère est alchimiste. Par mes capacités et les remarques du professeur Delbero, je pense qu’un avenir dans le milieu des potions se dessine devant moi. » Ses yeux, bien que perdus, dessinent pourtant un regard lointain, comme si ses iris traduisaient la perdition sentimentale, la sensation de devoir choisir un univers en particulier. « Pour être honnête avec vous, je me vois tout à fait travailler comme potionniste. Cela conviendrait parfaitement à mes compétences et me permettrait de me perfectionner dans le monde magique. Mais… » Elle ne s’entend pas prononcer la conjonction, oublie l’idée qu’elle veut soumettre. C’est au travers du regard de sa professeur que cette dernière ressent ses propres dires, l’idée qu’elle contient en elle et qui ne peut s’empêcher de surgir, malgré elle. « Mais… Je suis également passionnée par votre matière, professeur. L’histoire de la magie, et plus particulièrement l’archéologie magique me plait également. Je sais que c’est une branche particulière. Il va de soi qu’il est plus aisé de devenir potionniste qu’archéologue magique. » Ses mains se jettent de nouveau sur la tasse comme pour reprendre souffle. Enfin, la sorcière, petite Lucie a osé dire le fond de sa pensée. Les paysages qui brûlent son esprit avant de dormir, le monde qu’elle aimerait visiter, un univers qu’elle souhaite découvrir. Toute cette vie qu’elle veut voir s’ouvrir sous ses yeux et qu’elle rejette méticuleusement pour le plaisir de ses parents. Tout un univers qui s’offre à elle et qu’elle laisse enfin entrer.

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