Callum est accoudé contre un arbre, dans un des recoins du parc. Le froid hivernal lui glace le sang et la nuit est déjà tombée. La lune est ronde, pleine et éclaire les environs d'une lumière presque mystique. C’est son moment préféré. Il regarde sa montre, 18h50, tous les élèves s’affolent pour rejoindre la grande salle. Il attend patiemment que les couloirs se vident pour avoir les dix minutes nécessaires au bon déroulement de ces petites affaires.
Une fois les alentours vidés de toute présence, il commence à sentir ses jambes se contracter sous l’emprise du froid, pourtant il est comme revigoré par l’accalmie nouvellement arrivée.
La seule raison pour laquelle il aime cette apparente tranquillité, c’est parce qu’il sait qu’il peut la briser à tout moment. Il aime le calme uniquement parce qu’il est capable de déclencher la tempête. Callum rit légèrement en ayant cette pensée avant de jeter un regard aux alentours. Il n’y a plus personne, du moins c’est ce qu’il pense. Alors il sort son butin de la journée et compte ces gallions un par un, se délectant de sa fortune du jour. La paye est plutôt mince, mais il a le sentiment d’avoir réussi sa journée. Il est un élève médiocre, alors autant compenser autre part.
Sa recette étant enfin comptabilisée, il replace son butin dans sa poche et s’accorde un peu de répit. Callum aperçoit quelque chose, une sorte de tâche verte posée au sol, à seulement une dizaine de mètre. Il s’approche et constate en effet la présence d’une écharpe aux couleurs de la maison Serpentard. Il hésite à la récupérer pour la jeter dans le lac. Pour l’instant, il se contente de la ramasser. Mais dans le même temps, il entend des bruits de pas se rapprocher dans son dos.
Alors il se retourne, l’écharpe dans les mains. C’est Miach Ogden, un imbécile imbu de lui-même. Callum se dit qu’il n’a vraiment pas de chance ces derniers temps. Entre sa retenue avec cette insupportable Lexie Rowle et maintenant une rencontre hasardeuse avec Ogden, il se sent comme maudit.
Il prend un air écœuré. Callum se demande pourquoi ce petit merdeux, comme il aime le qualifier, vient jusqu’à lui.
« Mon serpentard préféré. »
Il accompagne sa parole d’un sourire ironique des plus agaçants. La seul vision de ce Miach le met sur les nerfs. Il représente tout ce qui Callum déteste. D’une part parce que c’est un sang-pur arriéré qui s’imagine encore que son existence est supérieure à celle des autres parce que sa famille joue la carte de la consanguinité depuis des siècles. Et de l’autre parce qu’il est un petit con qui s’attaque aux plus « faibles » que lui. Le pauvre Joshua subit cet énergumène depuis leur première année à Poudlard.
« Pourquoi t’es là ? » Son sourire est déjà éteint, il reprend son ton agressif habituel pour s’adresser à son ennemi.
L’obscurité s’épaississait, seules les flammes bleues donnaient encore à Miach suffisamment de lumière pour pouvoir déchiffrer les mots inscrits sur le grimoire. Leur lueur fantomatique donnait à la scène quelque chose de mystérieux, de presque mystique. Comme si ce jeune garçon, isolé dans le parc gelé, bravant le froid, ne pouvait lire que d’obscures incantations dans un grimoire usé par le temps. Pourtant, il n’en était rien. Miach se concentrait sur l’évolution des pratiques de distillerie du Whisky, tentant d’imprimer chaque mot, chaque information, afin d’apporter fierté à son père, son grand-père et son oncle qui avaient placé tous leurs espoirs en sa seule personne.
L’obscurité du parc n’était pas l’endroit le plus propice au travail. Si Miach maîtrisait suffisamment le sortilège des flammes bleues pour ne quasiment pas souffrir du froid, il devait bien avouer que le manque de lumière rendait sa lecture lente et difficile. Cependant, ce petit inconfort n’était que peu important, aux yeux du jeune homme. La solitude et le silence qui régnaient ici lui permettaient une concentration sans faille, une absence totale de distraction.
Un coup d’œil sur sa montre lui apprit que le dîner ne tarderait pas à être servi. Miach referma le grimoire et, d’un coup de baguette magique, éteignit les flammes, ne laissant aucune trace de son passage. Satisfait du travail accompli en cette soirée, il reprit le chemin de sa salle commune pour y déposer ses affaires avant de rejoindre ses camarades dans la grande salle.
Il était presque arrivé devant l’entrée de la salle commune des Serpentards lorsqu’il se rendit compte de l’absence de son écharpe. Suffisamment réchauffé par les flammes bleues, il avait délaissé l’écharpe aux couleurs de sa maison. Elle devait être restée au pied de l’arbre sous lequel il s’était installé pour travailler. Poussant un soupir, Miach fit demi-tour, son grimoire sous le bras, sa cape sur le dos.
De retour dans le parc, il remarqua qu’une silhouette se tenait précisément à l’endroit où il pensait avoir laissé son bien. Son écharpe se trouvait bel et bien là. Sauf qu’elle était maintenant dans les mains de Callum Vinicombe. Par la lance de Lugh … pourquoi avait-il fallu que cet idiot se trouve justement à cet endroit.
« Mon serpentard préféré. » lâcha le gryffondor avec dégoût en le voyant approcher.
Miach ne se donna pas la peine de répliquer, mais plaqua un air de mépris sur son visage.
« Pourquoi t’es là ? » demanda avec brusquerie Callum.
Miach le toisa. Il ne supportait pas Callum. Il n’avait rien qui puisse un tant soit peu trouver grâce aux yeux de Miach. Le simple fait qu’il soit né de parents moldus suffisait au jeune Ogden pour l’estimer inférieur. Comment un enfant de moldus pouvait-il envisager égaler, voire surpasser, des étudiants issus de longues lignées de sorciers ? Les Ogden avaient la magie dans les veines depuis des siècles. Les Vinicombe n’avaient rien. D’ailleurs, les résultats scolaires de Callum prouvaient bien la véracité de la théorie de Miach …
« Figure toi que le parc ne t’appartient pas, Vinicombe. » répliqua Miach d’un ton suffisant. A vrai dire, il estimait qu’il avait bien plus sa place que lui, dans ce parc. « Pas plus que l’écharpe que tu tiens dans ta main. »
Miach s’avança d’un pas, sa main libre glissée sous sa cape, serrant instinctivement sa baguette. Il savait qu’une simple affaire d’écharpe, aussi insignifiante soit-elle, pouvait dégénérer à tout moment avec ce cinglé de Callum. L’impulsivité et la bêtise des Gryffondors pouvaient être une véritable plaie.
« Donne-moi ça, exigea-t-il avec l’aisance de ceux qui sont habitué à donner des ordres. A moins que tu n’envisages de supporter Serpentard au prochain match de Quidditch, vu la façon dont on vous a écrasé la dernière fois … »
Miach n’avait que faire du Quidditch, en vérité, mais n’importe quel argument qui pouvait faire enrager Callum était bon à prendre.
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Si Miach ne prend pas la peine de répondre à la remarque ironique de Callum, ça n'est que pour mieux lui répondre ensuite. Lorsqu’il annonce à son interlocuteur que le parc ne lui appartient pas, le gryffondor ne peut s’empêcher de laisser un rictus amusé prendre place sur le coin de sa bouche, pour lui, le monde lui appartient. Tout est à lui et rien est à personne. Il ressert son emprise sur l’écharpe, conscient du conflit que ce simple bout de tissu est capable d’engendrer. S’il désire réellement récupérer son bien, Miach va devoir user de ruse.
L’écharpe devient un prétexte à l’affrontement et Callum en trépigne déjà d’impatience. De toute évidence, il en est de même pour le Serpentard qui pose déjà la main sur sa baguette. La tension monte dans l’air et la haine semble avoir une odeur.
« C’est de ça que tu me parles ? » Callum laisse pendre l’écharpe du bout de ses doigts, comme s’il est question d’un ordure délabrée.
Et Miach lui répond par un ordre. Par Merlin, ce jeune homme n’a donc peur de rien. Si l’insubordination avait eu un nom, cela aurait pu être Vinicombe. Callum prend un air outré, comme pour imiter les manières de son interlocuteur. Alors que ce dernier continue de parler, le gryffondor laisse un rire s’échapper. Bien que la remarque l’énerve quelque peu, il se souvient avec nostalgie de ce match. Les paris avaient bien marché ce jour là. Et puis concrètement, qu’est-ce que Callum en a à faire, de la couleur de l’écharpe. Il n’est pas du genre chauvin.
« Ah quel match ! Ce n’est pas un mauvais souvenir pour moi tu sais.. » Il prend un air détaché, espérant secrètement que ça puisse énerver Miach. Puis il pointe du menton la main du Serpentard cachée dans le manteau. « Tu comptes vraiment sortir ta baguette pour une écharpe ? »
Le petit malin rigole mais on peut sentir sa haine au travers de son rire. Difficile pour lui de cacher ses émotions, il n’est pas réputé pour son calme. Mais pour le moment il semble tenir bon.
« Je pensais que les riches et puissants consanguins du monde magique ne s'inquiétaient pas de ce genre de détail. Tu pourras demander à papa de t’en fabriquer une autre peut-être ? »
Il plante son regard dans celui de Miach, la lune éclaire leurs visages mais l’obscurité masque leurs traits les plus fins. Callum aurait pourtant aimé que son ennemi soit capable de voir son visage s’assombrir pour qu’il puisse prendre la mesure de la haine qu’il ressent.
Miach avait toujours réussi à garder son calme. Maîtriser ses émotions, ne rien laisser transparaître de ses états d’âme, il avait appris à le faire depuis son plus jeune âge. Pourtant, avec Callum, il n’avait jamais été capable de masquer sa rage et sa haine. Le gryffondor avait ce pouvoir incongru et inexplicable de parvenir à faire sortir l’impassible Miach Ogden de ses gonds. Et plus les années passaient, plus ce pouvoir semblait se renforcer.
La provocation de Miach à propos du Quidditch n’eut que peu d’effet sur Callum, qui s’empressa de répliquer.
« Tu comptes vraiment sortir ta baguette pour une écharpe ? » demanda-t-il, amusé par l’attitude défensive de son ennemi. Les lèvres de Miach se pincèrent.
« Ne me tente pas … » souffla-t-il, la voix pleine de menace.
Miach ne craignait pas un duel contre Callum. Il était certain d’être plus doué que lui en magie. La défaite était toujours possible, c’était certain. Après tout, ils s’étaient déjà affrontés et Miach ne pouvait malheureusement pas se vanter d’être sorti vainqueur à chaque fois. En revanche, s’ils en venaient aux mains, il estimait ses chances beaucoup plus faibles. Miach ne savait absolument pas se battre à la manière moldue. Sa mâchoire se souvenait encore d’un coup reçu par Callum, quelques années plus tôt. Mieux valait pour lui en rester à la bonne vieille magie.
« Je pensais que les riches et puissants consanguins du monde magique ne s'inquiétaient pas de ce genre de détail, poursuivit Callum. Tu pourras demander à papa de t’en fabriquer une autre peut-être ? »
Ce fut au tour de Miach de lâcher un rire. Un ricanement mauvais et méprisant au possible. Il ne releva même pas l’insulte sur la consanguinité. Parce qu’il avait si souvent entendu cette insulte qu’elle glissait désormais sur lui sans l’atteindre. Aussi parce qu’il savait que c’était loin d’être infondé. Les sangs-purs n’étaient plus aussi nombreux qu’avant et, pour assurer la pureté des lignées, les familles n’avaient pas le choix. Les cousins étaient régulièrement mariés ensemble, sans que cela ne pose le moindre problème. Pourtant, la consanguinité était un véritable fléau. Personne ne s’en inquiétait, personne n’en parlait. Miach avait pourtant vu sa propre cousine en faire les frais. Née de parents aux gènes trop proches, sa magie avait refusé de se manifester. Une enfant cracmol au milieu de sangs-purs, condamnée à vivre dans la honte et la culpabilité, sans pour autant ne pouvoir rien se reprocher d’autre que sa propre naissance.
« Mon père n’a pas besoin de fabriquer quoi que ce soit, il peut se payer une centaine de ces écharpes. C’est ainsi que ça marche, lorsqu’on a un empire entier à ses pieds. » L’arrogance de Miach n’avait pas de limite. Si Callum voulait parler de la fortune des Ogden, grand bien lui face, Miach n’était pas du genre à s’excuser d’être riche, bien au contraire.
« Mais tu sais, prendre quelque chose qui n’est pas à soi, ça s’appelle du vol. Cela dit, ça n’a rien de surprenant, pour un petit arnaqueur opportuniste dans ton genre. »
Miach n’avait aucune preuve que Callum ait déjà arnaqué qui que ce soit. Mais il avait entendu des rumeurs, et l’idée était bien trop plaisante pour qu’il ne cherche pas à démêler le vrai du faux.
« Enfin, quand on est incapable de réussir quoi que ce soit par soi-même, je suppose que le plus simple est de prendre dans la poches des autres ... »
Miach ne pouvait pas voir l’expression du visage de Callum, dans l’obscurité. Cependant, ces disputes étaient si fréquentes qu’il pouvait se représenter mentalement la haine qui tordait les traits de son ennemi. Il sentait presque le mépris, le dégoût, la colère, crépiter dans l’air. Il ne fallait presque rien pour que l’atmosphère s’embrase et que la joute verbale se transforme en duel.
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Il est rare que Callum tente de contrôler ses émotions. En tant normal, il se contente de simplement les vivre. Son naturel impulsif n’est un secret pour personne à Poudlard et jamais il n’a tenté de s’en cacher. Bien au contraire, il revendique souvent sa philosophie de vie. Pourtant, à cet instant précis, il essaie. La tâche est difficile, certes, mais il n’a jamais tenu aussi longtemps sans sortir de ses gonds. Pour la simple et bonne raison que le Serpentard face à lui l’oblige à changer de stratégie. Il faut une approche, trouver le point sensible, l’élément qui permettra de le rendre fou. Sans cela, Callum est face à un mur impassible et froid, aussi insensible qu’une des vieilles pierres qui bâtissent ce château. Du moins, c’est l’image que Callum a de Miach.
Petit arnaqueur opportuniste ? Certes. C’est de bonne guerre. Après tout, Callum venait d’insulter sa famille tout entière. Mais le jeune homme ne considère par ses actions comme étant du vol. De fait, il offre du divertissement alors c’est comme s’attribuer un salaire pour service rendu. Du moins c’est comme ça qu’il justifie ses actions parfois douteuses.
Malgré tout, les paroles de Miach l’atteignent, parce qu’il déteste qu’on lui parle de sa famille comme ci celle-ci n’a aucune valeur. Si son propre père n’a pas d’empire, il lui lègue tout de même tout un héritage. Et s’il n’a aucune idée de ce que représente une fortune sorcière, il sait que celle de son père est très enviable. Il ressent comme une injustice. Les petits Lord s’imaginent toujours les moldus comme des simplets. Pour Callum, les simplets sont les sorciers. Ils ne se révoltent pas, s’inclinent et fléchissent sous le poids de tradition arriérées.
Les paroles de Miach le conduisent à des pensées qui ne lui permettent pas de garder son calme. Le poing de Callum se serre, son souffle se saccade. Il sent qu’il est sur le point d’imploser. Mais il veut gagner cet affrontement, il veut au moins avoir la satisfaction de voir le visage impassible de Miach se tordre de haine.
«C’est marrant de t’entendre dire ça. Toi. Miach Ogden. » Il semble cracher son prénom comme une insulte. « Tu serais où, si tu devais compter que sur toi même ? »
Son ton est hargneux, mauvais. Son agressivité le trahit, à présent, son adversaire est certainement conscient qu’il est sur le point d’exploser. Callum s’approche de quelques mètres avec un regard menaçant.
«Sans ton héritage, tu n’es rien du tout. Ce qu’on sait seulement, c’est que tu aurais eu des bonnes notes à l’école. »
Callum plaque l’écharpe de la discorde sur le torse de son ennemi avec violence. Pas assez pour lui faire mal, mais d’une façon suffisamment vive pour le surprendre.
« Regarde toi, ça se voit que tu as du mal à te supporter. »
Il parle tout bas, appuyant chacun de ses mots espérant les rendre incisifs. Il est rare que Callum haïsse quelqu’un de la sorte. Même si Miach représente tout ce qu’il ne supporte pas, il n'est pas le seul dans ce cas à Poudlard. Mais plutôt que de l’éviter comme les autres, il cherche toujours à le confronter. Pour une raison incertaine, le gryffondor adore savoir qu'il est en mesure de lui faire quitter le masque.
Toucher là où ça faisait mal, poser le doigt juste à l’endroit des plaies et des cicatrices, c’était un exercice que Miach maîtrisait. Alors qu’il distillait son venin, il vit le visage de son ennemi se décomposer de rage. C’était toujours très jouissif, de voir à quel point Callum ne parvenait pas à maîtriser ses émotions. Miach était bien heureux d’avoir su apprendre, dès le plus jeune âge, à se libérer du poids des sentiments ou, tout du moins, à ne pas les laisser transparaitre. C’était un avantage certain, lors de leurs joutes verbales. Miach voyait parfaitement chaque moment où Callum perdait le contrôle de lui-même. Il pouvait, à loisir, savoir avec exactitude ce qui le blessait, ce qui le touchait.
« C’est marrant de t’entendre dire ça. Toi. Miach Ogden, cracha Callum avec hargne. Tu serais où, si tu devais compter que sur toi même ? »
Touché. Les paroles, blessantes, le percutèrent de plein fouet et le petit sourire hautain et satisfait de Miach s’effaça. Callum s’avança vers lui, son visage déformé par la haine, le regard menaçant. Une once de peur passa dans les yeux du Serpentard, persuadé que Callum allait lui coller son poing dans la figure.
« Sans ton héritage, tu n’es rien du tout, poursuivit-il. Ce qu’on sait seulement, c’est que tu aurais eu des bonnes notes à l’école. »
Les lèvres de Miach se pincèrent de colère alors que Callum lui rendait l’écharpe, la plaquant sur son torse dans un mouvement haineux. Empiéter sur l’espace vital de son adversaire, c’était une technique très efficace lors d’une joute verbale. C’était une technique que Miach utilisait fréquemment, lorsqu’il voulait impressionner son interlocuteur. S’approcher suffisamment près pour que l’autre puisse lire la menace dans chacun de ses traits, pour qu’il sente le mépris et la haine suinter de chacun de ses pores. Pourtant, avec Callum, Miach s’était toujours plutôt tenu à distance. Premièrement parce qu’il évitait de se mettre à portée des poings de son ennemi. Et aussi, mais jamais il ne l’avouerait, car il n’était pas certain d’être capable d’avoir le dessus sur Callum. Le gryffondor n’était pas du genre à se laisser impressionner, et Miach n’avait pas l’habitude que ses adversaires ripostent avec autant de violence. En règle générale, il choisissait ses victimes, ne prenant que des esprits faibles, incapable de se défendre. En règle générale, il évitait les gens comme Callum.
« Regarde toi, ça se voit que tu as du mal à te supporter. » souffla Callum.
La pression de son poing sur son torse, la proximité de son visage, qui permettait à Miach de discerner la menace sur ses traits, la rage qui obscurcissait son regard, telle une tempête se préparant à déferler … Miach n’avait plus conscience de rien d’autre, soudainement.
« Je … »
Sa voix s’étrangla, son souffle lui faisait défaut.
Touché. Coulé.
Callum Vinicombe avait cloué le bec de Miach ogden.
Un sursaut d’adrénaline s’empara du Serpentard alors qu’il prenait conscience de sa position. Il n’était pas question qu’il se laisse ainsi impressionner par un sang-de-bourbe stupide et insolent. Poussé par une espèce de réflexe de survie, Miach exerça une pression sur les épaules de son ennemi pour le repousser.
« Ne me touche pas » grommela-t-il.
Callum recula de quelques pas, et le cerveau de Miach se remit en marche, intégrant les paroles du Gryffondor. Il n’en savait rien, lui. Avait-il la moindre idée de ce que c’était, de naître chez les Ogden ? D’être destitué de ses sentiments, de ses rêves, de ses désirs, de ses choix, pour ne plus former que le maillon d’une chaine familiale ? Ce qu’il serait sans son héritage ? Miach aimait croire que, s’il n’avait pas été projeté futur directeur de la distillerie, il aurait pu briller par lui-même, en tant que potionniste. Il en avait les capacités. Pourtant, en son for intérieur, il savait qu’il n’aurait pas eu le loisir de faire ce choix. Il aurait, comme tous les Ogden avant lui, travaillé pour son cousin, à un poste clé de la distillerie. Si on lui enlevait sa famille … que restait-il finalement ?
« Moi, au moins, j’ai un avenir. » Réplica-t-il en haussant le ton.
Le masque était en train de se fissurer. La colère d’avoir perdu pied, de s’être laissé impressionner, lui donnait des envies de meurtres, soudainement.
« On se souviendra de moi, on connaitra mon nom et on reconnaitra mon travail. Mais toi, Vinicombe ? Tu vas faire quoi, l’année prochaine. Si tu réussi tes ASPICS aussi bien que tes BUSES, tu pourras peut-être prétendre au poste de concierge de l’école … Il n’y a même pas besoin de savoir faire de la magie, pour ça. »
Ce fut à son tour d’avancer de quelques pas, réduisant la distance qui les séparait, guidé par une soudaine rage, incapable, désormais, de jouer d’une quelconque stratégie. Pour une fois, il se laissait guider par une émotion bien trop forte et bien trop violente pour qu’il parvienne à la contrôler.
« Tu pourras tenter ta chance à la distillerie Ogden … on cherche souvent des femmes de ménage … »
Sa main gauche toujours immobilisée par le grimoire, il lâcha sa baguette pour saisir l’écharpe que Callum avait toujours en main. Il tira sèchement, espérant faire lâcher prise au Gryffondor.
« Rends-moi ça maintenant. » cracha-t-il du bout des lèvres.
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Alors que Callum est sur le point de relâcher toute la tension qui pèse sur ses épaules, c’est une toute autre émotion qui l’envahit en voyant le visage de son adversaire. Il voit dans les yeux de celui-ci de la confusion. Depuis qu’ils se connaissent, les deux garçons n’ont jamais pu se supporter, certes, mais ils se sont finalement beaucoup côtoyé à travers leurs multiples disputes. Si bien que Callum, jusqu’à cet instant précis, pensait tout savoir des expressions de son ennemi. Encore faut-il préciser qu’elles ne semblent pas si nombreuses.
Tout cela pour dire que, d’aussi loin qu’il se souvienne, le gryffondor n’a jamais eu la chance de clouer le bec d’Ogden. Et, aux vues de l’expression de Callum, il en paraît aussi scié que son interlocuteur. Si bien que sous le choc, le jeune homme garde son poing collé sur le torse de son ennemi. Aussitôt, une nouvelle obsession naît dans l’esprit du jeune londonien : il veut recommencer. Il se met à penser que Miach est comme une pochette surprise, on découvre toujours quelque chose de nouveau sur son visage. Il jubile.
Mais ça ne dure qu’un court, très court instant. Alors que toute sa colère s’est envolée, Miach fait reculer Callum d’une pression sur les épaules. Mais contrairement à ce que la mauvaise nature de Callum aurait prévu, il ne s’emporte pas. Il continue d’observer son ennemi avec une sorte d’incompréhension. Il veut savoir jusqu’où il peut aller. Jusqu’à présent, il a toujours éprouvé un plaisir malsain à observer Miach céder à ses émotions. Maintenant, il veut en connaître plus. L'envie se précise : il veut obtenir un camaïeu d’expression signé Ogden, que seul lui peut connaître. Il se sent privilégié. Toutes ses pensées le paralyse. Il ne réalise pas que, Miach aussi, au même moment, est perdu dans ses divagations. Pourtant, c’est le Serpentard qui prend la parole en premier.
Un avenir ? L’accalmie n’a pas duré longtemps. Cet idiot ne sait pas de quoi il parle, Callum, quoi qu’il arrive, à un avenir lui aussi. Peut-être pas chez les sorciers, mais il aura toujours de quoi avoir une belle vie. Et l’insolent Vinicombe compte sur son naturel débrouillard et sa capacité à s’adapter à toutes les situations pour trouver sa place quelque part.
Mais le reste.. Miach doit vraiment s’abstenir de parler comme ça. Chacun de ses mots accélèrent la circulation sanguine de Callum. Il sent son pouls contre sa tempe. Ce n’est qu’une question de seconde avant l’explosion, la vraie cette fois-ci. La colère est telle que le Gryffondor ne parvient même plus à avoir une pensée rationnelle. Tout ce qu’il imagine, c’est la tête de Miach contre son poing.
L’imprudent réduit la distance entre les deux, il ne sait pas ce qu’il est en train de provoquer. Callum à l’expression d’un animal prêt à attaquer sa proie. L’emportement de son ennemi ne trouve pas grâce à ces yeux, même cette victoire ne compte pas. Maintenant, il veut le blesser physiquement. Parce qu’il sait qu’il ne sera pas capable d’aller plus loin que les mots de Miach.
Son esprit est beaucoup trop embué par la violence. Il n’attend plus qu’une seule chose.
Il veut que son adversaire lâche sa baguette. La seule raison pour laquelle il se contient encore, c’est ça. Il veut en venir aux mains. Pas avec la magie, ça lui donne toujours l’impression de tricher. Non. Il veut se battre.
Quand le Serpentard tire enfin sur l’écharpe, Callum ne prête même pas attention à ce qu’il lui dit, c’est le moment de délivrance. Il n’attend pas une demie seconde pour le charger comme un taureau. Le dos de Miach percute l’arbre contre lequel Callum était tranquillement accoudé quelques minutes auparavant. Une brise glacée passe entre leurs deux visages. Comment, en si peu de temps, ont-ils pu se mettre dans une situation pareille. « Tu crois que tu es quelqu’un, hein ? Tu penses qu’on connaîtra ton nom ? »
La respiration de Callum est saccadée, il peine à trouver de l’air, mais il reprend.
« t’es comme un petit caporal, persuadé d’avoir du pouvoir alors qu’il y a toujours quelqu'un d'autre pour lui donner des ordres. Tu fais rien d’autre que ce qu’on te dit et tu penses valoir quelque chose ? »
Le bras de Callum maintient le corps de Miach contre l’arbre, il plante son regard dans le sien et son coeur loupe un battement. Il ne cherche pas à comprendre, la colère est beaucoup trop présente. Mais, sans y faire attention, ce léger flottement lui fait relâcher la pression. Miach ne le sait peut-être pas, mais il peut désormais fuir l’emprise de Callum à tout moment.
« Mon père est un des hommes les plus riches de Londres et jamais il ne m’a imposé une décision. »
Ce n’est exactement vrai, mais Miach ne saurait même pas comment vérifier. Son ton est plus monotone, moins teinté de haine. Et Callum ne réalise qu'après coup que ce dernier argument ne résonnera certainement pas pour son adversaire. Miach n'ayant aucunement conscience de ce que représente le pouvoir et l'argent chez les modlus.
La seule pensée qui traversa l’esprit de Miach, lorsque le corps de Callum percuta le sien, fut qu’il était un crétin. Emporté par sa colère, l’esprit embrouillé par sa rage, il avait fait la seule chose qu’il savait ne pas devoir faire. Il avait lâché sa baguette. Il avait délaissé, pour un bout de laine verte, son arme, son assurance vie, son seul moyen de défense. Et Callum n’avait pas hésité une seule seconde. Evidemment. Il avait sauté sur l’occasion, plongeant dans la faille.
Son dos percuta violemment un arbre, vidant l’air de ses poumons en une fraction de seconde, et Miach ne put retenir un gémissement de douleur, teintée d’une once de frayeur qu’il ne parvint pas totalement à masquer. L’instinct de survie prit le dessus. Ses oreilles bourdonnaient un peu, suite au choc, suite à la rage. Pourtant, elles se focalisèrent sur les alentours, cherchant à capter un son, un bruit de pas, un murmure de conversation, n’importe quoi qui puisse suggérer qu’ils n’étaient pas totalement seuls dans ce parc, que quelqu’un allait venir, qu’une bonne âme les séparerait avant que l’un d’entre eux n’assassine l’autre. Et, vu leurs positions actuelles, Miach n’était pas franchement dans la peau du futur assassin.
Pourtant, il n’entendait rien. Rien d’autre que le vent qui les enserrait de son souffle glacé. Rien d’autre que la respiration courte, saccadée de Callum, dont il pouvait sentir la chaleur atteindre son visage.
« Tu crois que tu es quelqu’un, hein ? Tu penses qu’on connaîtra ton nom ? » Demanda le Gryffondor.
Miach l’entendit à peine. Il ne sentait que la prise de Callum, ferme, qui entravait ses mouvements, l’empêchait de bouger. Si seulement il pouvait réussir à atteindre sa baguette …
« t’es comme un petit caporal, cracha Callum, persuadé d’avoir du pouvoir alors qu’il y a toujours quelqu'un d'autre pour lui donner des ordres. Tu fais rien d’autre que ce qu’on te dit et tu penses valoir quelque chose ? »
Miach n’avait pas la moindre foutue idée de ce que pouvait bien être un caporal. En revanche, la suite des propos de Callum étaient très clairs et Miach aurait été bien en peine de s’en défendre. Evidemment, qu’il avait raison. Mais là était la rançon de la richesse et du pouvoir. Il n’était pas possible de vivre une vie d’insouciance, de ne se soucier que de soi et de ses désirs, et de préserver le pouvoir d’une famille entière. Miach savait qu’il n’était pas aussi libre de ses choix que la plupart de ses camarades mais pour lui, il n’y avait dans ce fonctionnement rien d’anormal, rien de mal. C’était ainsi, c’était un modèle qui avait toujours fonctionné pour la famille Ogden, il n’y avait aucune raison de remettre quoi que ce soit en question …
Les regards qui se croisent. Dans les yeux de Callum, la tempête avait fini par exploser.
Un frisson lui parcouru l’échine. Il le mit sur le compte de la peur.
« Mon père est un des hommes les plus riches de Londres et jamais il ne m’a imposé une décision. » poursuivit Callum.
Miach avait senti la prise se relâcher, quelques secondes plus tôt. Imperceptiblement, il tentait d’amener sa main à sa baguette, priant tous ses dieux pour que Callum, trop occupé à l’insulter, ne remarque rien.
« Pourquoi tu ne nous épargne pas ta présence et que tu ne retournes pas chez tes moldus de parents, si tu y es si bien ? » Répliqua Miach.
Provoquer Callum alors qu’il était clairement en position de faiblesse n’était pas la meilleure idée qu’il ait eue. Mais, cette fois, il n’espérait pas déclencher la rage de son ennemi. Il voulait simplement détourner son attention de sa main qui s’approchait dangereusement de l’arme tant désirée. Enfin, ses doigts se refermèrent sur le manche de bois. Peut-être Callum eu-t-il le temps de voir le soulagement détendre les traits de Miach, avant qu’il ne prononce le sortilège libérateur.
« Repulso ! »
Le corps de Callum se retrouva projeté plusieurs mètres en arrière, libérant Miach de son emprise. Il s’avança, pointant sa baguette droit sur son ennemi, refusant de lui laisser la moindre chance de sortir à son tour son arme. Sa main tremblait légèrement, son cœur cognait dans sa poitrine et son dos lui faisait mal. Comment la situation avait-elle pu dégénérer à ce point ? Il posa son regard sur Callum, un regard chargé de haine, de dégoût et de mépris, et avança vers lui, lèvres pincées, crevant d’envie de jeter un autre sortilège à son ennemi. Il prit une grande inspiration, qui ne calma si ses tremblements, ni sa rage.
« T’en vaux même pas la peine. » cracha-t-il.
D’un sortilège informulé, il fit voler l’écharpe et le grimoire, abandonnés à terre un peu plus tôt, jusqu’à lui, sans pour autant quitter Callum des yeux.
Et, sans un mot de plus, ses affaires sous le bras, la baguette toujours en main, il tourna le dos à Callum, prenant la direction du château, se tenant prêt, cependant, à faire volte-face au moindre bruit suspect. Tête haute malgré son orgueil blessé. Comme on le lui avait toujours enseigné.
“Moonrise - Everyone is a moon, and has a dark side which he never shows to anybody."
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Mer 17 Juin - 7:41
Mouette / Icon : tumblr / Citation : Mark Twain/