Insolence - Catriona

La fin de semaine approchait avec une lenteur désespérante. Encore une heure à tenir. Une interminable heure. Miach trainait des pieds. Finir sa semaine sur un cours de botanique ne l’aidait pas à mobiliser le peu de motivation qui lui restait en ce vendredi soir. Miach n’aimait pas la botanique. Il s’en était sorti lors des BUSES avec un Acceptable, décroché de justesse grâce à la théorie, ce qui lui avait permis de poursuivre cette matière en sixième année. Si la botanique n’avait pas paru si importante aux yeux de son père, aucun doute qu’il n’aurait abandonné l’étude des plantes sans le moindre regret. Mais  il semblait que, pour travailler dans le domaine du Whisky, il était indispensable d’avoir de très bonnes bases en botanique … Miach ne voyait pas en quoi. D’autant plus maintenant qu’il avait été désigné pour succéder à son oncle en tant que futur directeur de l’entreprise … En quoi connaitre les conditions nécessaires à la croissance de la mandragore pourrait lui être d’une quelconque utilité ?

Il arriva en même temps que le reste des Serpentards de sixième année devant la serre dans laquelle le cours devrait se tenir. Miach sentit son intérêt se réveiller quelque peu lorsque leur professeur ouvrit la porte. L’ancienne professeur de botanique avait quitté Poudlard et, aujourd’hui, ils feraient connaissance avec sa remplaçante.

Le jeune homme entra, sans pouvoir s’empêcher de poser un regard appuyé sur le professeur Flitwick. Il n’avait jamais vu cette femme pourtant, il connaissait la famille Flitwick … Du moins, en avait-il entendu parler. Il n’avait cependant jamais côtoyé cette famille de sang-pur. Et pour cause, les Flitwick étaient connus pour leurs idéaux diamétralement opposés à ceux des Ogden. Une famille de traitres à leur sang …

Miach s’installa derrière l’un des plans de travail, attendant que le professeur Flitwick débute son cours. Des murmures s’élevaient autour de lui. Comme lui, ses camarades s’interrogeaient sur leur nouvelle professeur. Miach lui, resta parfaitement silencieux, un regard aiguisé dardé sur l’enseignante. Il était toujours aussi peu motivé pour travailler la botanique. En revanche, il portait un intérêt peu habituel à son professeur. Il avait grande hâte de la voir échouer dans la mission qu’elle s’était fixée … Comment un professeur issue d’une telle famille pouvait prétendre enseigner quoi que ce soit à des étudiants ? Miach ne doutait pas de l’échec du professeur Flitwick, et il n’envisageait pas de lui faciliter la tâche.

Catriona avait passé la matinée dans la serre à préparer son premier cours de botanique de la journée. Elle avait eu les Gryffondors et Pouffsoufles hier. Le cour s’était bien passé. Aucun soucis, des sourires, et de belles questions. Aujourd’hui, c’était le tour des Serpentars et Serdaigles. Elle les savait moins enthousiastes à l’idée de la botanique. Il y avait des exceptions, c’est certain, mais la plupart n’en avait, rien à foutre, comme disait sa mère. Lorsqu’elle avait appelé sa mère pour lui annoncer qu’elle avait finalement eu le poste de botanique, elle avait entendu un cri aigu lui rappelant celui des mandragores. Sa mère était définitivement heureuse pour elle. Rapidement, la mère de Catriona lui avait offert plusieurs conseils quant à la préparation des cours. Catriona avait tout noté mentalement, mais elle avait déjà un plan.

Elle avait donc passé la majorité de la matinée dans la serre a préparer des jeux d’introduction à la botanique de sixième année. Elle avait placée dans la serre, trois plantes non-magiques: des carottes prêtes à être cueillies, des mordors connues pour le goût citronné de leurs pétales et finalement, du thé de labrador, une plante aux feuilles vertes et velues venant du Canada. Les étudiants devraient les identifier. Le premier groupe de deux à obtenir les trois (bonnes réponses) recevrait une récompense qu’elle garderait secrète jusqu’à la fin de la classe. Un petit peu de mystère était toujours un bon moyen d’éveiller les esprits.

Une heure avant le début de son cours, elle s’était nettoyer, avait revêtu sa toge d’enseignement verte émeraude et avait bu un petit thé. Doucement, elle s’était rendu en classe. À l’heure du cours, elle avait accueilli les étudiants qui semblaient encore incertain de sa présence.

“Bonjour chers étudiants et étudiantes, mon nom, comme vous le savez probablement, est Professeure Flitwick. Suite au départ de Professeure Price, j’ai repris le département de botanique. Certains me connaîtront peut-être suite à un cours en étude des moldus, département que j’enseignais jusqu’à tout récemment. En effet, j’ai eu un parcours plutôt atypique, ce qui fait de moi une enseignante peut-être un peu différente. Bien que je crois en la nécéssité de la théorie, rien n’égale la pratique. C’est pourquoi nous aurons plusieurs ateliers en serre et en nature au cours du semestre. Voici ce à quoi vous pouvez vous attendre: examen de mi-semestre théorique, ateliers notés en serre aux deux semaines, trois travaux pratiques de recherches pendant la session, une présentation finale et un examen final théorique et pratique. Pour certains, la botanique peut sembler… inutile. Toutefois, une mauvaise connaissance des plantes peut facilement changer une potion réussite en désastre. La magie est complexe et interconnectée, c’est pourquoi la botanique ne doit jamais être sous-estimé.” Les étudiants notaient furieusement les différentes exigences du cours. Catriona prit un moment pour les observer, remarquant ceux qui avaient le regard appeuré, et ceux qui semblait plutôt, curieux.

Elle remarqua un jeune serpentard qui l’observait, tout comme elle l’observait. Elle lui souria et tourna son regard sur la classe entière. “Comme c’est votre premier cours avec moi, nous allons commencé par un petit défi. Elle prend une petite pause. Dans la serre, il y a toutes sortes de plantes. Normalement, elles sont bien identifiées. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Elle se sourit à elle-même, l’oeil pétillant, un peu espiègle. “Le premier duo à trouver les trois plantes non-magiques dans la serre recevront une petite surprise… Vous avez 20 minutes” Catriona observa le branle-bas dans la classe et souriant. Un serdaigle lui demanda si les équipes étaient nécéssaires, ce à quoi elle répondit que c’est seulement en équipe qu’on pouvait réellement réussir, avec un petit clin d’oeil. En effet, il fallait être deux pour trouver l’une des plantes. Elle continua a observé le serpentard qu’elle connaissait de nom, Ogden. Elle aimait bien leur Whisky!

Le professeur Flitwick prit la parole, commençant par se présenter, rappelant aux élèves son expérience en tant que Professeur d’étude des moldus. A ces mots, Miach ne fit aucun effort pour retenir la moue de mépris qui s’afficha sur son visage. Il savait que son professeur l’avait remarqué. L’insistance avec laquelle il l’observait avait dû l’interpeler car elle fixait régulièrement son regard sur lui. Il ne savait pas si elle savait qui il était mais il était à peu près certain qu’elle connaissait sa famille. Elle devait savoir que les Ogden n’étaient pas des sorciers tolérants et ouverts au monde moldu.

Le reste du discours provoqua chez Miach un ennui profond. L’énumération des différents exercices sur lesquels les étudiants seraient jugés l’intéressait bien peu. Il n’entendait pas étudier avec sérieux et rigueur. Il pourrait, en cas d’échec, mettre ses mauvaises notes sur le compte de l’incompétence de cette nouvelle professeur. Il était certain que l’argument passerait sans le moindre souci auprès de ses parents.

Ses explications générales données, le professeur Flitwick parcouru la classe du regard et gratifia d’un sourire poli le jeune Ogden, qui se contenta d’afficher un masque froid et inexpressif.

Les explications reprirent, portant cette fois-ci sur les détails du cours. Rien ne plaisait à Miach, là-dedans. Travailler en groupe l’agaçait profondément. Il n’aimait pas devoir compter sur quelqu’un d’autre pour assurer sa réussite. Et l’idée de partir en quête de plantes non magiques lui semblait d’une inutilité totale. Heureusement, il pouvait compter quelques amis dans sa classe, et envisageait très certainement de laisser son binôme faire tout le boulot, pour une fois. Tout le monde commença à s’activer dans la classe. Miach échangea un signe de tête avec Eridan, formant ainsi leur binôme, mais ne bougea pas de son plan de travail. Il se doutait que sa voix ne couvrirait pas le brouhaha qui régnait dans la classe, alors il daigna lever la main, attendant que son professeur le remarque. Il attendit qu’elle lui donne la parole et demande un peu de calme dans la serre.

« Excusez-moi, demanda-t-il, la formule de politesse cachant mal le dédain qui transparaissait dans son attitude. Je croyais que nous étions-là pour apprendre la botanique magique ? Nous sommes des sorciers, n’est-ce pas ? En quoi identifier des plantes sans aucune propriété magique pourrait-il nous être d’une quelconque utilité ? »

Autour de lui, l’agitation s’était quelque peu calmée, les autres étudiants écoutant la question, se doutant que, venant de Miach Ogden, elle ne pouvait pas être innocente. Il entendit un chuchotement derrière lui, mais n’y prêta aucune attention.

« Vous avez bien compris que nous ne sommes pas en cours d’étude des moldus, n’est-ce pas ? » Ajouta-il.

L’insolence n’était pas dans les habitudes de Miach. Il avait toujours appris à respecter les symboles d’autorité. Mais il avait également appris à mépriser les sorciers comme Catriona Flitwick.